COTRAE

COTRAE - COllectifs en TRansitions AgroEcologique

Octobre 2015 - Août 2020

Collectifs en transition agroécologique

Responsable : Navarette Mireille

Autres participants au sein de l'unité : Aurélie Cardona, Maxime Catalogna (Doct), Floriane Derbez (Doct), Claire Lamine, Elisabeth Lécrivain, Mireille Navarrete.

Participants et collaborateurs du projet : INRAE UE Gotheron, ISARA Lyon, VETAGROSUP, FRCUMA Auvergne Rhône Alpes, VIVEA, TRAME, CERAQ.

Objectifs et enjeux du projet

Le projet COTRAE a analysé en quoi des collectifs inscrits dans la TAE constituent des lieux d’expérimentation sociale et agronomique. Le terme collectif renvoie à un groupe d’agriculteurs ainsi que leurs accompagnants (agents de développement agricole ou territorial, conseillers privés, formateurs, enseignants, chercheurs ou autres agriculteurs plus expérimentés). Deux questions ont été instruites :

  •  Quelles sont les dynamiques des collectifs sur le temps long, quels échanges de connaissances, de visions, d’objets ont lieu au sein des collectifs, et quels rôles jouent les accompagnants dans ces échanges ?
  •  Comment les collectifs expérimentent-ils des pratiques ou des systèmes agro-écologiques et que retirent-ils de ces expérimentations, au-delà de nouvelles connaissances ?

Aller plus loin

Les principaux faits marquants sont :

Résultat 1 : La transition agro-écologique, un processus d’innovation tourbillonnaire et d’apprentissages individuels et collectifs

Repérer les signes d’une TRAE : Les agriculteurs des collectifs COTRAE ne se disent pas systématiquement engagés dans une TRAE mais mettent plutôt en avant un certain nombre d’objets sur lesquels ils travaillent et qu’ils relient (ou pas) à l’idée de TRAE (introduction de couverts végétaux, aromathérapie…). Certains objets qui mobilisent les collectifs ne sont pas en soi spécifiques d’une TRAE mais ils le deviennent lorsqu’ils acquièrent la capacité d’entrainer l’agriculteur dans un nouveau questionnement qui chemin faisant devient systémique.

La transition comme un tourbillon : La TRAE est d’abord un processus d’innovation qui se fait par une succession d’essais-erreurs. L’innovation n’est pas seulement contenue dans de nouveaux outils, de nouvelles techniques, c’est la trajectoire de personnes qui vont chercher, essayer, trouver mais aussi se tromper, revenir en arrière mais toujours apprendre. L’innovation est cette succession de transformation des questions qui s’élargissent. Comme un tourbillon qui grossit et qui embarque et qui dessine son chemin en avançant.

Résultat 2: Les collectifs évoluent vers des fonctionnements en « organisation apprenante » dans lesquelles  l'accompagnateur est un facilitateur,  garant des processus d'apprentissages

Il est fréquent que les agriculteurs engagés dans une TRAE déclarent « être devenu un peu chercheur » exprimant ainsi un engagement dans un processus d’apprentissage permanent qui souvent renouvelle l’intérêt de leur métier. C’est un réel changement de posture qui fait évoluer de la recherche de « LA » bonne solution à une dynamique d’amélioration continue. Apprendre à « devenir chercheur », se mettre dans une posture d’apprentissage permanent ne se fait pas seul dans son coin. On a besoin de s’ouvrir à toutes sortes de connaissances, d’échanger avec d’autres pour devenir producteur des connaissances adaptées à son propre système, sa propre stratégie.

Aller vers un fonctionnement en « organisation apprenante » c’est mettre la question des connaissances au cœur du fonctionnement du collectif en s’appuyant sur le développement des connaissances individuelles, sur les échanges de pratiques et d’expériences. Ces échanges doivent permettre de faire émerger, de formaliser et de capitaliser des façons de faire innovantes. Ce ne sont pas seulement les membres du collectif qui apprennent mais c’est aussi l’organisation elle-même car son fonctionnement change.

Résultat 3: une démarche pour caractériser les processus d’expérimentation des agriculteurs

Par enquête rétrospective, il est possible de reconstruire l’itinéraire d’expérimentation des agriculteurs, c’est-à-dire la succession des expérimentations annuelles et les raisons pour lesquelles elles s’enchainent. Par exemple, l’optimisation progressive d’une technique nouvelle sur la ferme, la transposition d’une technique déjà validée sur une espèce ou un système de culture à une autre espèce ou à un autre système. La démarche proposée permet de comprendre pourquoi certains agriculteurs renoncent à une technique expérimentée sur une petite surface, ou au contraire décident de l’adopter à plus large échelle. Elle pourrait être mobilisée par les conseillers pour préciser la nature de leur accompagnement suivant les périodes d’expérimentation, puisque les objectifs et questionnements des agriculteurs varient fortement suivant les différentes phases.

Résultat 4: L’expérimentation de systèmes agroécologiques, un dispositif ouvert

Les agriculteurs et les chercheurs qui testent des systèmes agroécologiques combinent tous des phases où l’expérimentation est de nature déterministe et anticipée (objectif et démarches fixés, recueil de données cadré et anticipé) et des phases d’ouverture où les décisions de conduite des cultures et les choix expérimentaux sont adaptés en temps réel. Il y a un enjeu à outiller cette combinaison, pour (i) valoriser au mieux les régulations écologiques qui, par nature, sont situées et supposent observation et adaptation, (ii) tout en permettant un apprentissage, qui requiert plus de régularité et de stabilité.

 

Documents à télécharger

Voir aussi

  • Cardona A., Brives H., Lamine C., Godet J., Gouttenoire L., Rénier L. (2021) Les appuis de l’action collective mobilisés dans les transitions agroécologiques.  Enseignements de l’analyse de cinq collectifs d’agriculteurs en Rhône-Alpes. Cahiers Agricultures 30,21
  • Derbez F. (2018) D’un maïs, l’autre. Enquête sur l’expérimentation collective d’agriculteurs rhône-alpins autour de variétés de maïs population », Revue d'anthropologie des connaissances 2018/2 (Vol. 12, N°2), p. 259-287. DOI 10.3917/rac.039.0259
  • Navarrete M., Brives H., Catalogna M., Lefèvre A., Simon S. (2021) Intertwining deterministic and open-ended perspectives in the experimentation of agroecological production systems: a challenge for agronomy researchers. In Lamine et al 2021 (A paraitre) “Agroecological transitions, between determinist and open-ended visions”, Magda D., Lamine C., Rivera-Ferre M., Marsden T. (Eds)
  • Guides méthodologiques pour la transition agroécologique (http://www.cotrae-aura.fr/)
    • Accompagner un collectif d’agriculteurs
    • Expérimenter en collectif
    • Former les collectifs d’agriculteurs
  • Vidéos et articles pour les agriculteurs et leurs accompagnateurs disponibles sur le site http://www.cotrae-aura.fr/

Date de modification : 06 septembre 2022 | Date de création : 05 septembre 2022 | Rédaction : DS